Hier, Trump a abrogé la neutralité du net, un des principes fondateurs du web comme nous le connaissons. Dans les grandes lignes, cela signifie concrètement qu’à partir du moment où l’abrogation est mise en oeuvre, les fournisseurs de contenus numériques doivent payer les fournisseurs d’accès pour obtenir en échange de la vitesse de transmission pour leurs données. Autrement dit, tout le monde peut continuer à s’exprimer librement sur internet, mais seuls ceux qui paieront auront le luxe d’être lus, vus, entendus, les autres voyant leurs contenus cantonnés à une vitesse de connexion digne de l’âge de pierre. 

Cette nouvelle donne concerne les États-Unis en premier lieu, mais l’Internet étant mondialisé, il est touché partout. Pour nous professionnels de l’information, cela signifie que pour le moment, nous sommes essentiellement touchés en tant que consommateurs des services de l’Internet. A cet égard, nous devons être conscients de ce nouveau critère de « ranking » lors de nos recherches d’information et nous devons également en informer nos lecteurs.

Mais ce n’est pas tout. Nous devons aussi nous engager politiquement en faveur de la neutralité du net là où elle est encore respectée. Si elle est abrogée en Suisse, cela signifiera que nous serons cette fois touchés en tant que fournisseurs de contenus numériques. Je vous laisse imaginer que nos institutions ne feront jamais le poids face aux géants du numérique. Et ce sera, en Suisse aussi, la mort du service public et le règne sans partage de l' »information » et de la « culture » commerciales. 

Pour rappel la position de l’IFLA à ce sujet se trouve ici https://www.ifla.org/publications/node/10700?og=30 

Amélie Vallotton Preisig

(Ex-secrétaire de FAIFE (comité chargé du conseil au comité directeur de l’IFLA en matière de liberté d’expression et d’accès à l’information) et membre active du groupe de travail FAIFE qui a rédigé la position sur la neutralité du net, 2016)